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Écrivain et photographe, Philippe Bordas parcourt l’Afrique depuis plusieurs décennies. En 2001, il découvre à Bamako l’armée des chasseurs : une confrérie rassemblant les descendants de l’ancienne armée du roi Sounjata Keïta qui établit l’Empire du Mali au XIII ème siècle et abolit l’esclavage. Portant les mêmes tenues que leurs ancêtres, ils voyagent sans souci des frontières léguées par la période coloniale ; ils restent fidèles à leurs principes de fonctionnement démocratique et d’indépendance vis-à-vis de tout pouvoir, porteurs de la tradition orale, respectés pour leurs talents de chasseurs, leurs dons de guérisseurs et de devins.
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Nicolas Bruant
Lumière noire
Extraits de leur contexte social et culturel, les masques, les statues, les instruments rituels que nous admirons dans les musées meurent d’une hémorragie de sens. Pourtant, ces objets nous parlent si nous savons interroger leurs formes, nous laisser prendre à leur énigme. C’est à ce regard, à cet abandon, à cette exigence que nous convie Nicolas Bruant qui redonne aux masques et statues d’Afrique leur statut d’objets rituels vivants en nous en livrant une vision empreinte de sensualité et d’émotion, bien éloignée de la présentation désincarnée qu’en donnent les musées.
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Tous les ans, durant l’hiver austral, Serge Brunier se rend dans le désert d’Atacama, au Chili. Là, sous un ciel d’une pureté sans égale, dans le silence et l’obscurité absolus, il capte l’image de la voie lactée ou plutôt il s’immerge dans l’immensité et la profondeur de cette galaxie qui n’est plus seulement cette bande laiteuse que nous connaissons. Expérience de vertige quasi mystique qu’il parvient à nous faire partager par des photographies qui allient précision technique exceptionnelle et poésie de l’infini.
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Jean-Dominique Burton photographie parce qu’il est voyageur et non l’inverse. L’humain est son sujet unique. C’est parce qu’il a voulu garder trace de ses rencontres qu’il a entrepris un périple de six mille kilomètres au Burkina Faso afin de réaliser les portraits des différents rois et chefs influents. Loin des images faciles de potentats vaniteux et ridicules que l’on a parfois données d’eux, il révèle la personnalité complexe de chacun, sans complaisance mais avec empathie. Il relativise l’aspect ethnographique de son travail pour se concentrer sur l’être-roi de chacun de ses modèles, sur son rapport à sa fonction, à son pouvoir.
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Emilie Chaix témoigne de la richesse des modes de vie et des croyances qui perdurent dans le monde en dépit de la standardisation culturelle. Elle nous livre son témoignage sur les cérémonies nocturnes du Bwiti au Gabon, cherchant à traduire l’intensité émotionnelle à laquelle concourent les chants, la musique, les danses, les lumières vivantes des torches et, bien sûr, l’état de transe des candidats à cette re-naissance qu’est l’initiation. Par delà l’aspect spectaculaire de l’événement, c’est la mise en relation de deux mondes, le temps d’une nuit, qui se manifeste à travers les imbrications fugitives des ombres et des lumières.
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Heinz Cibulka compose des associations d’images qui évoquent la vie de la campagne autrichienne, la nature, les saisons, la vie familiale et sociale d’une société imprégnée de catholicisme. Mais au-delà de cet aspect sociologique, il est attentif aux événements les plus ténus de la vie quotidienne dont il parvient à révéler une dimension spirituelle ou philosophique inattendue. Ses blocs d’images constituent des propositions poétiques dans lesquelles il fait cohabiter des fragments de réalités éloignées, qui dialoguent entre eux pour produire un sens qui les dépasse et oblige le spectateur à trouver sa lecture personnelle comme le ferait le lecteur d’un poème.
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La vierge de la Guadalupe est l’objet du plus important pèlerinage au Mexique. Par milliers, les fidèles y portent sur leur dos la représentation de la vierge qu’ils conservent chez eux afin de la faire bénir. En photographiant ces porteurs de dos, en les isolant, par détourage, de leur contexte, en nous privant de toute notion d’échelle, Alinka Etcheverria se concentre sur les attitudes des corps, l’infinie variété de ces autels portatifs et elle semble nous offrir un catalogue de variations sur le thème de l’expression populaire de la dévotion.
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Capitale de la chrétienté d’Occident et haut lieu touristique, cité éternelle et centre urbain en mutation, ville-musée et lieu vivant : Véronique Ellena brosse, dans sa vidéo, un portrait complexe de Rome, ville sacrée, protégée, apparemment immuable en même temps qu’assaillie par une vie bouillonnante, incontrôlée, marquée par les stéréotypes de la consommation populaire. Déambulant entre églises et pizzerias, musées et fêtes foraines, elle nous en livre une vision éclatée et malicieuse.
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Suivant un itinéraire à la fois géographique et symbolique qui l’a menée du Mont-Saint-Michel au mont Thabor en Israël, Geneviève Hofman a parcouru les hauts lieux de la chrétienté dédiés à saint Michel et ceux consacrés par les Grecs au culte d’Apollon, proche de saint Michel par ses fonctions et certains de ses attributs. De ces paysages élus par les hommes pour y pratiquer leurs rites, elle nous livre une vision dépouillée de toute référence culturelle, privilégiant une approche topographique. Elle tente ainsi de retrouver par empathie ce qui a aimanté cet impérieux désir des hommes d’atteindre un lieu, de l’ériger en aboutissement d’une quête, au point de n’éprouver plus le besoin d’aller plus loin.
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Frédéric Lemalet a passé plusieurs années sur le plateau himalayen en compagnie des Tibétains, s’imprégnant de leur mode de vie et de leur culture.
Il nous propose de partager l’ordinaire de leur existence hivernale, consacrée pour l’essentiel aux occupations religieuses et à la lutte pour vivre dans une nature grandiose mais rude et inhospitalière. Il évoque ces deux pôles de leur existence à travers des tableaux dans lesquels l’intérieur s’oppose à l’extérieur, l’ombre à la lumière, le portrait au paysage, l’intime et le fragment au plan général qui inclut l’humain dans son environnement.
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Au Brésil, sous l’effet de la christianisation forcée des esclaves venus d’Afrique, se sont constituées des religions syncrétiques mêlant les croyances animistes au catholicisme. Ainsi est né le Candomblé, qui perdure et prospère aujourd’hui. C’est cette vitalité de la culture africaine, cette aptitude à marier harmonieusement des religions différentes qui a incité Dany Leriche et Jean-Michel Fickinger à s’intéresser au Candomblé, à ses rites de possession, à la personnalité de ses adeptes. Ils ont photographié ces pratiquants individuellement, hors de tout contexte événementiel, constituant ainsi un ensemble de portraits à la fois allégoriques et vivants.
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Photographe reconnu dans sa Roumanie natale mais en but à la censure, Dinu Mendrea émigre en Israël en 1986. Il photographie le pays et particulièrement ce haut lieu de la vie spirituelle qu’est le Mur des Lamentations à Jérusalem. Durant des années, il revient sur ce sujet qui le fascine par le mélange chaotique qu’il offre de ferveur religieuse, d’agitation désordonnée et de scènes incongrues sur lesquelles il porte un regard à la fois un peu distant, parfois ironique mais toujours bienveillant.
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Fruit de nombreux séjours au Burkina Faso, au Mali et au Bénin, la patiente collecte de visages, de témoignages, de lieux et d’objets de divination effectuée par Agnès Pataux constitue l’un des rares ensembles offrant une vision synthétique des pratiques animistes encore vivantes en Afrique de l’Ouest. Elle nous permet de pénétrer chez ces féticheurs dont le prestige est lié au pouvoir et à l’efficacité des objets qu’ils détiennent. L’intimité qu’elle a su nouer avec eux, condition de ces images, leur donne aussi leur poids d’humanité.
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Parce que le nombre douze régit l’ordre cosmique chez les Amérindiens du Nord, Jacqueline Salmon a dédié douze diptyques à douze chefs indiens qui vécurent au xixe siècle dans les plaines de l’Alberta, aux confins des montagnes Rocheuses. Dans chacun d’eux, elle associe l’image d’une paroi rocheuse sur laquelle est apposé le nom de l’un de ces chefs et celle d’un arbre mort. La photographe célèbre ici ceux dont la culture fut anéantie. Elle perpétue leur mémoire éradiquée jadis par la volonté des colons, menacée aujourd’hui par le temps et l’indifférence.
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Deidi von Schaewen parcourt le monde à l’affût de tout ce qui fait architecture.Les arbres sacrés qu’elle a photographiés en Inde ont, dans ce corpus, la particularité de relever autant de la nature que du construit. Le format des images permet ici au spectateur de se perdre dans les imbrications complexes du végétal et les accumulations de statues parées, de niches, d’autels surchargés d’offrandes. Derrière une photographie frontale et de pur constat, Deidi von Schaewen sait rendre sensible l’attention affectueuse, la ferveur que l’Indien éprouve à l’égard de ces arbres qu’il sait habités par une divinité propre à chacun.
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Familier de l’Inde du Nord, pénétré de sa culture, Jérôme Thirriot l’a traversée avec la fascination d’un amoureux, la complicité d’un initié et la distance amusée d’un observateur qui a gardé sa capacité d’étonnement. Ici, tout fait signe, renvoie à un sacré aussi omniprésent qu’incernable, le détail anodin se fait moment de grâce.
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