Exposition : Du jeudi 14 juillet 2011 au dimanche 28 août 2011
Patrons-pêcheurs, charpentiers de marine, plaisanciers, coureurs d’océans, sauveteurs, préfets maritimes, équipiers, plongeurs-démineurs, capitaines de la marine marchande : autant d’individus, de catégories sociales, de microcosmes culturels dont l’unique point commun est de vivre pour et par la mer.
Pour autant, l’homme de mer existe-t-il ? L’habitude de la vie nomade sur les océans, de l’affrontement quotidien avec les éléments, de l’éloignement, de porter loin le regard façonnent-ils un type humain ? La question ne se pose guère pour les « hommes de terre » tant la variété des milieux naturels induit celle de leurs habitants.
Mais la mer, elle, est une, même si sa couleur, son humeur, sa voix, ses habitudes diffèrent. C’est au spectateur de chercher une réponse à partir des diptyques de mains et de visages que propose Jean-Noël Reichel.
À cet effet, il reprend à son compte, comme il l’avait déjà fait pour les travailleurs immigrés à Paris ou pour les amateurs de musique de Nantes, les outils de l’identification judiciaire que sont l’empreinte de la main et le portrait de profil accompagnés d’une fiche d’identité. Par l’accumulation et le recours à un protocole de prise de vue immuable, il tente de cerner les valeurs qui animent ces hommes et ces femmes qui ont fait de la mer leur métier et leur passion : ténacité, engagement, goût du dépassement et de la liberté.
Mais c’est peut-être par la posture que ces assis nous révèlent le mieux le versant individuel de leur identité : une position des mains, un geste esquissé du bras, un port d’épaules, une légère flexion du dos ou de la nuque. Les portraits de mains ouvertes ont aussi leur éloquence : mains offertes, craintives, crispées, autoritaires, sereines.
Entrepris depuis le rassemblement de Brest 2004, avec le partenariat de la Marine nationale et de la Société nationale de sauvetage en mer, ce projet ambitionne de constituer la plus importante collection de portraits de gens de la mer, de leur rendre hommage et de leur donner la parole alors qu’ils sont amenés à vivre souvent dans l’isolement. Cette exposition qui tourne dans les villes portuaires de France, accompagnée d’un studio mobile grâce auquel s’enrichit la collection, avait naturellement sa place à Honfleur.
J.-C. F.
|