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Exposition : Du jeudi 14 juillet 2011 au dimanche 28 août 2011 L’art de Marc Lathuillière relève formellement, à première vue, de la carte postale, tandis que son propos est à chercher du côté de l’ethnologie, voire de l’introspection identitaire. Il photographie les icônes de la francité, les stéréotypes humains à travers lesquels les étrangers - et de nombreux Français eux-mêmes - perçoivent la France et l’identifient. En choisissant de portraiturer masqués et dans leur environnement familier les représentants de certaines professions ou de mettre en scène des situations emblématiques de la vie française, Marc Lathuillière oblige le spectateur à s’interroger sur la validité actuelle et à venir de cet héritage culturel, sur les raisons affectives de cet attachement. Le recours à un masque lisse, inexpressif, androgyne évacue toute tentation psychologique, impose des personnages à la place de personnes. Pour que l’identité collective émerge, il faut que l’individuelle soit voilée. Il nous contraint à donner aux attitudes, aux gestes, au vêtement, à l’environnement une place prépondérante, à repérer la dimension sociale et culturelle des comportements. Ce décalage, ce jeu sur la perception démarque ce travail du simple pastiche et le relie à d’autres expériences – réalisées en Thaïlande notamment – d’hybridation des cultures par l’introduction d’un élément contemporain hétérogène dans un contexte traditionnel.
En sélectionnant dans France Face Perdue, le vaste panorama de Marc Lathuillière, un ensemble transversal centré sur les régions maritimes, cette exposition passe en revue un certain nombre d’archétypes de microsociétés littorales que le spectateur pourra enrichir, s’il le souhaite, à Honfleur, dès sa sortie des Greniers à sel. Du Marin-pêcheur vendéen au Maître d’hôtel d’un palace de Biarritz, de L’Amateur de vieux gréements de Noirmoutier à La Poissonnière du Vieux Port à Marseille, de la scène du Départ à la plage à celle de L’Ouverture des huîtres pour le déjeuner du dimanche s’esquisse la reconstitution d’un monde aussi mental que géographique, d’une société idyllique vivant dans un temps suspendu. Vision critique, certes, d’un certain immobilisme français, d’un illusoire refuge, mais jamais déshumanisée ni cinglante. Ici, le refus du visage rend paradoxalement possible une certaine tendresse de la part du photographe pour ceux qui ont bien voulu se prêter au jeu, conscients qu’ils incarnent plus qu’eux-mêmes.
J.-C. F.
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