| Exposition : Du jeudi 14 juillet 2011 au dimanche 28 août 2011
Situé à l’entrée de la baie de Tous-les-Saints, au Brésil, et au cœur de la ville, le Porto da Barra est l’une des plages préférées des habitants de Salvador de Bahia. Au moyen d’un appareil protégé par un sac en plastique, Marc Dumas, durant une dizaine d’années, a photographié les micro-événements qui se déroulent à quelques mètres du rivage. Il vérifie le théorème bien connu selon lequel tout corps (de baigneur) plongé dans l’eau en reçoit non seulement une poussée de bas en haut qui le suspend hors de toute contingence, mais aussi une distorsion incessante, imprévisible, qui le métamorphose en créature ectoplasmique. Il surprend des bateaux, des personnages flottant entre ciel et terre, évoluant entre deux coulées d’un bleu et d’un vert invraisemblables. Tel le Monsieur Palomar d’Italo Calvino, dont il se réclame, Marc Dumas se veut « un observateur attentif du monde visible », concentré sur le détail. Cette étude minutieuse et méthodique du détail finit par lui donner la première place, par le rendre absurdement indépendant de l’ensemble auquel il appartient. Répertorier les vagues, rendre compte de chaque ondulation qui escamote la vision pour la restituer aussitôt mais différente, retenir l’apparence instable des corps immergés, des scintillements de la lumière sur la peau de l’eau et sur celle des baigneurs : c’est l’entreprise gratuite, dérisoire et exigeante à laquelle se livre Marc Dumas. Tentative qui ne connaîtra jamais de terme mais en fin de compte heureuse, puisqu’elle débouche sur une vision enfantine retrouvée, insouciante de tout questionnement de genre ou de hiérarchie des sujets.
J.-C. F.
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